Billet d’humeur de Novembre

Dépassons le constat !
 
Les derniers mois ont été très intenses en bouleversements en France et dans le monde.
Des chocs, oui ! Et pas tellement le « choc des savoirs » ou le « choc des salaires ». Le premier est une ignominie car on nous a demandé de trier les élèves. Le second, on le cherche encore…
 
Arrêtons-nous un instant sur ces derniers mois. Il serait facile de remonter plus loin encore. Le phénomène n’a rien de nouveau. Il s’agit de pointer ici que cette accumulation considérable de chocs entraîne presque un oubli des plus anciens. Comme s’il y avait un écrasement des informations dans nos cerveaux. Réflexe cognitif parfaitement légitime pour encaisser TOUT ça : réforme de tri social des élèves, remise en cause du droit du sol, réduction des indemnités chômage, montée de l’extrême droite dans les urnes et au-delà en France, en Europe et dans le monde (Trump, Milei, ...), entêtement de Macron pour s’asseoir sur les résultats des élections législatives, gouvernement de collaboration flagrante entre le libéralisme et l’extrême droite, budget 2025 d’austérité pour les services publics notamment (enfin pas pour la police, l’armée, l’Elysée, le Sénat et l’Assemblée Nationale), le génocide à Gaza, l’invasion du Liban, l’invasion en Ukraine, les massacres en République Démocratique du Congo, les inondations au Sahara, l’ouragan Helene dans les Caraïbes… Je pourrais continuer très longtemps mais les descendants de Jacques Prévert pourraient porter plainte pour plagiat.
Ces chocs s'enchaînent donc ! Ne nous y trompons pas, ils sont volontaires. Soit ils sont préparés (invasion de Gaza, par exemple), soit ils sont aggravés par une politique climaticide (ouragan Helene). Dans les deux cas, ces chocs sont récupérés, exploités, mis en récits par les gouvernements de nombreux pays dont la France.  Il s’agit de nous affliger avec toutes les horreurs possibles, de miner le moral, de nous faire perdre nos repères afin de nous contraindre à accepter un triste sort, à rendre inéluctable l’inacceptable. Nous soumettre au quotidien, nous exploiter au travail et nous déposséder du bien commun qu’est notre planète.
Qui pourrait se prévaloir d’avoir le moral au beau fixe avec une telle pluie de mauvaises nouvelles ? Nous sommes des humains, nous ressentons des émotions parfois fortes et nous ne devons pas perdre de vue cela. C’est ce qui constitue notre être, la base des valeurs humanistes : la solidarité et le respect des vivants.
Rares sont les personnes qui ignorent le contenu de ces dernières lignes. En revanche, il me parait bon de s’arrêter et de relever la tête un instant. Je n’ai pas la prétention de poser le premier des mots sur cette situation. Dans une émission radio récente, Claire Nouvian expliquait, études à l’appui que la peur était bien plus efficace que l’espoir pour mobiliser. Ce postulat est intéressant car on voit bien la peur utilisée massivement par les pouvoirs politiques et économiques pour nous faire renoncer à rendre le monde plus juste et plus durable, cela fonctionne. L’espoir est essentiel pour se projeter dans l’avenir mais il a pour défaut, s’il est utilisé avec excès, de faire croire que tout va bien, qu’on a le temps, qu’un.e autre peut le faire.
 
Nous sommes de plus en plus nombreux.ses à chercher de nouvelles pistes pour enrayer la machine capitaliste, responsable des problèmes listés plus haut. Parmi les pistes, il est indispensable de convaincre le plus largement possible les personnes proches ou loin de nous. Cela passe par véhiculer des informations qui parfois font peur et qui, parfois qui suscitent l’espoir. Il faut élargir l’affrontement culturel. C’est un vaste chantier qui demande du temps et de l’énergie au quotidien.
Dans nos salles des personnels dans le premier degré, le second ou dans l’enseignement supérieur, il est important de discuter, de montrer la réalité du problème capitaliste aux yeux et aux oreilles de nos collègues. Indignons-les ! 
Utilisons les moyens à notre disposition : l’affichage, les discussions informelles, les heures syndicales, les outils de communication externes aux établissements, la formation syndicale, … Cela permettra d’arriver petit à petit à faire sortir nos collègues, en commençant par soi-même, de la torpeur et de nous faire prendre conscience de nos forces et de l’ampleur de ce que nous avons à perdre et aussi de l’ampleur de ce que nous pouvons gagner. Ainsi, chacun.e pourra prendre sa part de responsabilité pour éviter le désastre et construire un avenir digne
Arrêtons l’horloge et construisons du collectif !