Billet d’humeur : Petite pensée en ce dimanche soir… 

Petite pensée en ce dimanche soir... 

Le choc est immense, je suis amorphe face à ce premier résultat. Simplement parce qu’il est là. Il est effectif, le Front National est en tête d’une élection majeure en France. Les descendants de Vichy que mon arrière-grand-père avait combattu sont aux portes du pouvoir. Cependant je ne suis absolument pas surpris. 

D’abord, parce que le pouvoir en place aura tout fait pour construire le futur triomphe de l’extrême droite. Ça c’est évident, lorsqu’on applique le programme des fascistes, qu’on s’exprime systématiquement comme eux et qu’on distille la haine raciste comme eux, on les porte au pouvoir. Ce n’est pas comme si, en plus, il n’y avait pas eu un travail minutieux de démantèlement des services publics, si précieux pour contrer la haine. 

Les médias ont aussi fait le boulot. Que ce soit dans la banalisation des discours fascistes ou dans la stigmatisation des voix qui combattent ces idées nauséabondes, ils n’ont pas raté. Jamais la gauche n’aura été autant diabolisée. Même le service public s’en donne à cœur joie. Et je crois ne plus supporter de voir des plateaux de journalistes qui auraient leur place à la cour de Louis XIV, commenter le jeu politique comme si la vie de millions de gens n’en dépendait pas. Quel mal nous gagne lorsque l’on peut commenter, un soir de fascistes en tête, la tenue d’un tel ou la décontraction d’un autre? 

Parlons de ce fameux « jeu » politique, des partis. Regardez où nous ont mené ces véritables virtuoses de la représentation. Ces pitres ont réussi à faire croire qu’ils étaient autre chose qu’insignifiants. La supercherie étant de faire croire à la masse qu’il est normal de remettre leur destin entre leurs mains et d’adhérer pleinement à ce qui reste, pour ces gens, un jeu. Les dominés consentent volontiers aux dominants de gouverner pour eux et tout va bien, appelons cela « démocratie ». N’est-il pas venu le temps de regarder en face nos institutions? Celles-là mêmes qui ne favorisent que le statu quo. Celles-là mêmes qui ont permis l’arrivée du fascisme. Celles-là mêmes qui ne sont en aucun cas démocratiques. 

Ce qui m’amène au point central de la situation actuelle. Observons gentiment l’histoire se répéter. Observons la bourgeoisie et les capitalistes s’allier avec le fascisme pour survivre. C’est bien parce qu’on connait l’histoire qu’on n’est pas surpris par ce qui se passe aujourd’hui en France. Le capitalisme est si vicieux, l’aliénation est telle, qu’il arrive aujourd’hui un état de mort cérébrale pour la soi-disant démocratie. Je suis estomaqué de voir l’absence de réaction. J’en profite donc pour dire mon admiration à tous les antifascistes de ce pays. Voilà l’âme de la future résistance. Mais les autres? Reste-t-il des gens sans haine pour l’autre? Ou ceux-ci ont- ils toujours été minoritaires? Mon naturel optimisme me hurle que ce n’est pas possible, que la masse n’est pas comme ça. Mais ce n’est pas lui que j’entends le plus ce soir... 

Et ce soir je pense à ma grand-mère. Née dans le fond de l’Aveyron. Décédée il y a peu dans le fond de l’Aveyron. Qui aura trimée, une vie durant, devant une existence beaucoup trop dure mais qui l’aura passée la main tendue vers les autres. Elle était comme ça ma grand-mère. Elle aidait, elle accueillait, qu’importe qui passait la porte, il était le bienvenu. Et ce soir... cet Aveyron vote massivement pour la fermeture d’esprit, pour la peur de l’autre, pour le renfermement sur soi. Peut-être que ça demande trop de courage, d’être altruiste. Je ne sais même pas si elle votait, ni pour qui elle aurait voté. Mais elle n’aurait jamais pu accepter ce qui se passe ce soir. Je ne sais pas pourquoi mais c’est à elle que vont mes pensées. Certainement 

parce qu’elle illustre l’idée que je me faisais depuis toujours de ce qu’est mon Aveyron. J’ai pris un coup ce soir. 

Je vais citer mon tonton Patrick : 

« Depuis des milliers d’années le temps s’en va, sans jamais s’arrêter. Le temps qui passe ne revient jamais, en laissant trop souvent dans le cœur des hommes et des femmes des traces de blessures et de regrets. 

Dans notre fuite éperdue à courir après le temps, on oublie de prendre le temps de vivre, de partager, de s’aimer, de se respecter. Car il faut aller vite, très vite, toujours plus vite. 

Il faut apprendre vite, comprendre vite, gagner du temps sur le temps. Mais pour quoi faire? 

Pourquoi plus personne ne prend le temps de regarder la Lune, le Soleil s’en aller en nous disant à demain dans une démonstration de couleurs à faire pâlir de jalousie les Dali et autre Léonard de Vinci? 

Pourquoi plus personne ne prend le temps de relever ce malheureux tombé sur le bord du chemin de la vie? » 

Je crois qu’il est urgent de refuser de vouer nos existences seulement à nous-mêmes. Il est temps d’enclencher un mouvement d’une importance vitale pour nos devenirs. La révolte est nécessaire et les valeurs humaines doivent l’emporter 

Le temps passe, les mêmes dominent. Seule une rupture profonde peut permettre de changer la vie. 

Pour cela, je suis intimement convaincu qu’il faut devenir ingouvernables pour la classe dirigeante de ce pays. La révolution sera notre salut. 

 

Dimanche 30/06/2024