Depuis l’annonce d’un mouvement de grève des contrôleur.euses à la SNCF pour les vacances de février, nous entendons une nouvelle fois une musique très désagréable et qui sonne faux ! Une musique qui veut instiller l’idée que le droit de grève empêcherait le « bon fonctionnement de la société », que « la grève nuit à la population », que « les grévistes prennent en otage la population » … Ce discours est porté dans les médias par des politiques de droite. G. Attal, premier ministre a lui-même tenu un discours autoritaire en ressortant « le devoir de travailler ». Il est toujours très paradoxal d’entendre des purs produits de la vie politique promouvoir le travail. Ils n’ont jamais travaillé dans une usine, dans une ferme, dans un hôpital, dans une école … Que savent-ils réellement du travail ?
Nous ne remettons pas en cause la possibilité d’exprimer une opinion. On a le droit de critiquer le droit de grève : c’est la liberté d’expression. Nous entendons en revanche rappeler que ce discours est contraire à nos valeurs (liberté, équité et solidarité) et vient montrer une fois encore la déconnexion décomplexée de la caste dirigeante.
Faire grève perturbe la logique de profit maximal rapide et se pose en contre-pouvoir. Tant mieux ! Remettre en cause le droit de grève c’est :
- Garantir les revenus aux patrons. Les dirigeants politiques viennent vendre la doctrine libérale de profit maximum en écrasant les travailleur.euses et plus globalement ce sont tous les humains qui sont dans le viseur. Il serait trop long de lister tous les droits qui sont rognés en France et dans le monde.
- Vouloir affaiblir la démocratie, en empêchant aux travailleur.euses d’exprimer une manière de penser différente du libéralisme.
Sans droit de grève la transformation de notre société vers une société autoritaire va s’accélérer. La grève et/ou la lutte comme moyens de faire entendre ses aspirations est vue comme futile par les personnes qui sont tellement favorisées économiquement qu’elles ne comprennent pas que d’autres en ont besoin de se défendre et/ou de conquérir de nouveaux droits.
Nous abordions plus haut la question de la liberté d’expression. Cette liberté n’est pas arrivée grâce à une cigogne. Rappelons à tout le monde, d’abord aux personnes qui feignent l‘ignorer que nos droits et libertés sont le fruit de luttes (révolutions, révoltes, grèves, …). Nous devons à la Révolution française des droits essentiels comme la présomption d’innocence, l’égalité en droits. Nous citerons uniquement ici l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ». Sans ce droit acquis par des députés qui ont désobéi à Louis XVI, roi de France, seule une poignée de personnes aurait le droit d’exprimer une opinion publiquement. Nommons, pèle mêle, des droits acquis par la lutte, dans la douleur, parfois dans le sang depuis la fin du XVIIIes. : l’abolition de l’esclavage, le droit de vote des femmes, la démocratie, la sécurité sociale, le mariage pour tou.tes, l’IVG, les radios libres, les services publics, …
La lutte dont fait partie la grève permet donc d’acquérir de nouveaux droits mais pas seulement. Elle permet de défendre les droits qui sont menacés. Les mouvements sociaux d’ampleur contre les réformes des retraites en 1995, en 2020 ou en 2023, contre la casse du code du travail en 2016, notamment ont tenté et parfois réussi à protéger des droits pour tou.tes, et pas seulement les grévistes. Oui, faire grève n’est pas un acte égoïste mais un acte collectif dans l’intérêt général.
La grève et la lutte ont un troisième objectif : distiller de nouvelles idées dans la population. Prenons comme exemple la Commune de Paris de 1871. Cette expérience décisive pour l’histoire française de la démocratie a été riche d’expérimentations. C’est bien pour cela qu’elle a été réprimée dans le sang. Ce fut l’émergence d’idées essentielles à notre société actuelle : la laïcité, le droit de vote des femmes, la sécurité sociale, la liberté d’association, … Ces droits arriveront en France quelques années, voire dizaines d’années après. ! Les communard.es, par leur lutte, ont été des précurseur.es.
Il ne faut pas oublier qu’une grève implique de perdre une partie de son salaire, d’entrainer des conflits avec sa hiérarchie, voire perdre son travail. Ceci n’est pas un acte anodin. C’est une prise de risque parfois importante mais nécessaire au regard des attentes des grévistes. Si le dialogue social n’avait pas été sciemment enterré par les gouvernements successifs, si les réformes n’avaient pas vocation à museler, précariser et détruire la planète, il n’y aurait pas besoin de faire grève. Les vrais responsables des grèves ne sont pas les grévistes, qui préféreraient ne pas l’être, mais bien les personnes qui ont le pouvoir.
SUD éducation Gironde soutient pleinement le mouvement de grève des contrôleur.euses de la SNCF.
SUD éducation Gironde soutient également tous les mouvements de grève qui visent à défendre ou gagner de nouveaux droits, en France comme à l’international.
SUD éducation Gironde appelle les camarades et collègues syndiqué.es et non syndiqué.es, de tous les corps de métiers, du public et du privé, mais aussi les retraité.es et les jeunes à s’unir pour faire front contre le capitalisme. Il est de la responsabilité de chacun.e, par le collectif que demain soit meilleur pour tou.tes !
Vive la Grève et vive la Démocratie !