Sais-tu quelle est la seule profession dans les établissements scolaires publics sans le.a moindre contractuel.le ?
On te le donne en mille : les chef.fes d'établissement ! C'est donc le seul métier qui ne souffre pas d'un manque d'attractivité [suffisamment important]. On t'arrête tout de suite, cela ne tient pas au fait qu'il y en ait bien moins que des instituteur.ices. Il y a plus de chef.fes d'établissements que d'infirmier.ères scolaires ou de psy-EN. Selon la Direction de l'Évaluation de la Prospective et de la Performance (DEPP), il y avait en 2023-2024, 13542 personnel.les de direction en France1. Il y avait, la même année, 12980 personnel.les de la "filière santé et sociale" (infirmier.ères et assitant.es social.es). Il faut donc cumuler deux groupes professionnels pour arriver à un nombre équivalent aux personnel.les de direction. On comptait également 6706 psy-EN titulaires et 3989 personnels de l'éducation (CPE et psy-EN mélangé.es) non titulaires. Les personnel.les de direction ne sont donc pas les moins nombreux.ses.
Quand on pense aux précaires dans l'Éducation nationale, on pense immédiatement aux AESH et aux AED. Et pour cause, iels sont parmi les plus mal.es loti.es et les plus nombreux.ses. Toujours selon la DEPP, iels étaient 191762 (128466 AESH et 63296 AED) à la rentrée 2023. Pourtant des contractuel.les en CDD ou en CDI et donc précaires, on en trouve aussi parmi les enseignant.es du 1er et du 2nd degré dans le public (51044), les CPE et les psy-EN (3989), les secrétaires et les gestionnaires (7751), les infirmier.ères et les assistant.es sociales (1594)... Toutes les professions sauf une sont touchées...
Cela fait un total de 299904 collègues précaires sur un total de 1211856 collègues soit 24,7% ! Cela fait donc 108142 précaires qui ne sont ni AED, ni AESH. Ne les oublions pas !
L'objectif initial était de s'arrêter là sur les chiffres des précaires malgré le fait qu'il y aurait tellement à dire encore. Mais en explorant le rapport de la DEPP voici deux statistiques supplémentaires pour te faire réfléchir.
- Il y a 73,8% de femmes dans l’Éducation nationale et 76,7% de non titulaires femmes. Les femmes subissent plus encore que les hommes la précarité rien qu'en terme de type d'emplois.
- Les effectifs de non titulaires ont doublé entre 2015 et 2023, on est passé de 158045 à 299904. Dans le même temps, le nombre de titulaires a diminué de 19000 personnes environ. Il y a une logique massive de précarisation de nos métiers dans l'Éducation nationale.
SUD éducation 33 s'inquiète fortement du nombre, croissant, de contractuel.les et des conséquences sur les conditions de travail des concerné.es. Chacun.e a un salaire en dessous d'un.e fonctionnaire à ancienneté et compétence égale, quand le statut de fonctionnaire existe pour le métier bien entendu. Le.a collègue est davantage soumis.e aux pressions éventuelles de la hiérarchie car iel peut être viré.e facilement. Cela implique de ne pas, ou moins, faire valoir ses droits notamment syndicaux. Imagine un.e AED qui a un contrat d'un an (fonctionnement habituel), avec une période d'essai d'un mois. Crois-tu qu'il soit facile de dire que tu es syndiqué.e, que c'est facile de refuser des heures supplémentaires non payées, que c'est facile de s'absenter parce que tu es malade, ... ? Il y a plein de fonctionnaires qui ont peur des répercussions pour les mêmes situations, alors imagine bien un.e précaire à la place !
Oui chaque métier précarisé à des revendications spécifiques. Dire le contraire serait nier les particularités de chaque métier (ex : suppression du forfait nuit en internat) mais en regardant bien, les aspirations dans chaque métier se recoupent largement :
- la titularisation de tou.tes les personnel.les sans condition de nationalité ni de concours,
- l’arrêt du recrutement des personnel.les précaires, donc sans passer par les personnel.les de direction,
- l’égalité salariale et une augmentation des salaires avec un salaire minimum à 2000 euros,
- l’accès aux mêmes primes, indemnités et pondérations que les titulaires, quelle que soit la durée du contrat (indemnités de sujetion REP/REP , remboursement des frais de transports),
- la réduction du temps de travail sans baisse de traitement,
- l’augmentation des personnel.les dans chaque corps de métier pour supprimer la surcharge de travail,
- des moyens pour une véritable formation sur temps de service,
- le droit à la représentation syndicale dans les affectations,
- l’étude en CCP de tous les cas de non-renouvellement,
- la généralisation des contrats de 3 ans pour tou.tes les personnel.les qui le souhaitent,
- la fin des temps incomplets imposés,
- une mobilité facilité
- la suppression de l’annualisation du temps de travail,
- un service public de qualité pour les usager.ères : conséquence directe d’une amélioration des conditions de travail
SUD éducation 33 à l'instar de la fédération SUD éducation est un syndicat qui prône l'unité des collègues qui subissent les mêmes attaques :
"Parce que sectoriser les luttes et éparpiller les revendications revient à faire le jeu des pouvoirs", nous sommes un syndicat résolument intercatégoriel : un seul syndicat pour tou.tes les personnel.les de l’Éducation nationale, tous métiers confondus, de la maternelle à l’université, sans condition ni de statut ni de grade, titulaire ou non. SUD éducation prône l’unité d’action du front syndical, tout en portant ses propres orientations pour faire vivre le débat démocratique et mener les actions nécessaires."2