« Nous ne sommes pas des vigiles »

En Ille et Vilaine, des équipes d'AED ont débrayé et se sont mis en grève suite à la mise en place du Plan Vigipirate Urgence Attentat :

 

Rennes, le 16 octobre 2023

Nous, la vie scolaire, sommes choqués de la tournure que prend la prise en charge des élèves et
l'atmosphère générale au lycée.

Suite à l’assassinat de ce vendredi à Arras, nos sentiments vont aux familles des victimes. En tant
que membres de l’équipe pédagogique, nous nous devons de condamner les agressions physiques
envers les personnels travaillant dans un EPLE. Cela va de soi.

Cependant, cela ne doit être un prétexte à la paranoïa et l'amalgame. Nous déplorons que
l'organisation de la « sécurisation » des établissements scolaires se fasse en dépit des autres
missions des AED et de leur avis. Comme dans beaucoup d’autres lycées, nous nous retrouvons
exposé.es, en « première ligne ». Surveiller les entrées n’est pas notre seule tâche, mobiliser en
permanence un tiers des effectifs de la vie scolaire là-dessus se fait forcément au détriment du reste
de nos missions, bien plus importantes pour la construction d’un climat scolaire serein : nous ne
sommes pas des vigiles. Encore une fois, le manque de considérations pour notre statut et nos
missions nous relègue au rang de « chair à canon » de l’Education Nationale.
N'avoir aucun retour sur nos demandes durant la concertation de ce matin et devoir, cependant,
toujours se plier aux décisions du Ministère et de la direction, soutenue par certain.es enseignant.es,
contribue à la détérioration de nos conditions de travail.

De plus, nous sommes choqués que, encore une fois, les élèves perçues ou supposées musulmanes
se retrouvent pointées du doigt. L’exclusion de deux d’entre elles pour un motif disproportionné ne
fait que participer à créer un climat de tension au sein de notre établissement à l’heure où nous
devrions plutôt nous concentrer sur le recueillement, la concertation et l’apaisement. Le fait d’avoir
demandé, de surcroît, à des AED de se charger de prendre contact avec la famille était totalement
illégitime.

Face à cette situation, nous faisons le constat que nous ne pouvons plus exercer notre travail dans de
bonnes conditions et en tirons la seule conclusion qui s’impose : celle de cesser le travail. Nous
aimerions donc qu’une délégation de personnels de vie scolaire soit reçue avant les vacances
scolaires afin de pouvoir échanger sur la considération portée aux élèves et que nos inquiétudes
quant à nos conditions de travail soient entendues et rassurées.

Cordialement.
La Vie Scolaire du LP Coëtlogon